Si en 50 ans, la progression des déserts africains aurait fait perdre l’équivalent de la France à ce continent, il ne faut pas confondre désert et désertification.
La désertification, ce n’est pas le désert qui gagne du terrain, ce sont des sols qui, dans un contexte d'agriculture intensive, de déboisement, d'irrigation incohérente et de réchauffement climatique, sont surexploités, s’appauvrissent et s'épuisent.
Les plans de lutte actuels contre la désertification se résument encore le plus souvent à
renforcer l'assistance aux personnes affamées.
Nous savons pourtant qu'il ne s'agit
pas de se donner bonne conscience en envoyant de la nourriture, de l'argent et une assistance humaine et matérielle, mais qu'il faut aider les populations à
améliorer leurs savoir/pouvoir-faire face et, quant à nous, à modifier nos styles de vies
qui impactent les leurs (réchauffement climatique entre autres).
Utilisons ce constat comme métaphore de la désertification médicale.
Un système de santé qui proposerait une assistance (médicale, chirurgicale et pharmaceutique) incohérente (représentation de la santé) et toujours plus intensive sans prendre en compte son revers - qui est la dépendance secondaire des personnes assistées, d'où découle la perte d'autonomie donc de responsabilité - associée à une recherche quasiment pathologique d'une "santé parfaite" par la société, engendrerait un appauvrissement des comportements responsables à tous les niveaux (politique, médical, industriel, citoyen).
La surconsommation de médicaments, d'actes chirurgicaux et l'offre pléthorique (surexploitation) participent ainsi à la fragilisation et à l'aridité des comportements individuels et collectifs bénéfiques à la santé.
L'absence de réflexion écosystémique entretenue par des lobbyings corporatistes et financiers et une vision disjonctive de la réalité ne peuvent qu'engendrer des mesures contre-productives.
Quels sont les acteurs concernés : les professionnels de santé, les élus, les citoyens sans doute, mais avant tout les principaux intéressés que sont les consommateurs et utilisateurs du système de santé et ceux qui n'y accèdent pas.
Seuls, une réflexion sur la santé et l'appropriation des concepts issus de la promotion/prévention de la santé tels que, par exemple, patient expert, empowerment, salutogenèse, résilience/coping, éducation en santé sont à même de dépasser des paradigmes biomédicaux devenus aujourd'hui inopérants ou obsolètes dans de très nombreuses situations.
Est-ce que cette appropriation est une compétence acquise par la profession médicale, rien n'est moins sûr ? N'est-ce pas celle que revendique la pensée infirmière internationale ?
Alors pourquoi la profession infirmière est-elle absente, au niveau politique, de la réflexion sur la désertification médicale ?
Savez-vous d'ailleurs combien d'infirmier(e)s sont députés ou sénateurs ?
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